Hymne à Duryodhana
(Conte immoral)
Le roi Duryodhana se redressa, en proie à la colère. Il se mit sur son séant en s'appuyant par terre de ses deux bras et regarda Vasudeva (Krishna) en fronçant les sourcils. Le corps à demi dressé, le roi avait l'air d'un serpent venimeux furieux à la queue brisée. Sans se soucier de l'horrible douleur qui lui ôtait la vie, Duryodhana accabla Vasudeva de paroles terribles : "Fils de l'esclave Kamsa, n'as-tu donc pas honte de me voir abattu contre les règles du dharma ... ?"
Vasudeva (Krishna) répondit : "Fils de Gandhari, si tu as été abattu avec tes frères, tes fils, tes alliés, tes troupeaux et tes amis, c'est parce que tu as suivi la voie du péché. C'est à cause de tes méfaits que Bîshma et Drona, ces deux héros ont été abattus. Karna aussi a été tué au combat parce qu'il imitait tes façons de faire. Insensé ! Alors que je te le demandais, tu as refusé de restituer aux Pandava la part héritée de leur père et leur royauté à cause de ton avidité .. Tu as donné du poison à Bhîmasena. Tu as voulu brûler dans la maison de laque tous les Pandava et leur mère. Misérable ! ... Voilà pourquoi tu es abattu sur le champ de bataille. Toutes les mauvaises actions dont tu nous accuses n'ont été accomplies qu'à cause de ta perversité extrême ... "
"J'ai récité le Véda et fait des dons selon les règles" répondit Duryodhana. J'ai régné sur la terre avec ses océans, j'ai dominé mes ennemis. Qui aurait une fin plus heureuse que la mienne ? ... Je vais aller au paradis avec mes amis et mes partisans alors que vos desseins seront anéantis ..."
Dès que le sage roi des Kuru eut terminé ce discours, une abondante pluie de fleurs odorantes tomba ... Les gandharva jouèrent de leurs instruments de musique au son ravissant et les apsaras chantèrent en choeur la gloire du roi. Devant ces merveilles et les louanges adressées à Duryodhana, les partisans de Vasudeva devinrent tout honteux ...
((Mahabharata, Chapitre IX, 60-61, GF Flammarion)
... L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait ... l'autre dit à Jésus, "souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne." Et Jésus lui répondit : "Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis .." (Luc, 23/43)
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A nos boucs émissaires préférés, en tous temps, en tous lieux ...
Dans la nuit de nos rêves, ô viens nous éclairer.
Toi, dans l'obscurité, toi dans l'adversité,
Incarnation du mal, de la perversité,
C'est pour toi que Krishna ouvrit le ciel entier !
Duryodhana, vers Krishna, ton dernier soupir,
Ton dernier anathème et ton dernier forfait,
Surent manifester à Vishnou, sans faiblir,
Que vers lui, sans poids, ton esprit s'élevait.
Des Pandava, sans toi, qu'eut valu la vertu ?
Blocage, appui ou tremplin pour eux vers les cieux ?
Négatif absolu du paradis perdu ?
Tu as vécu pour eux ton destin sulfureux.
DV, 14 novembre 2001, rev. 020704
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