Ruses de guerre (la peur)
(extraits des dialogues de l'épisode I/17 de Cosmos 1999 de Gery et Sylvia Anderson)

*****

"Moi, je n'ai pas oublié .. un monde ignorant la peur ..
comme c'est étrange et comme c'est beau ! ..
et vous John ? .. vous l'avez perdu ?"

*****

Situation de l'épisode

La station Alpha parvient enfin à proximité d'une planète sur laquelle les conditions de vie paraissent enfin possibles. La seule réponse aux appels du Commandant John Koenig est l'arrivée d'une escadre, muette, de vaisseaux de guerre.

John Koenig ne dispose que de quelques instants pour déclencher sa riposte et, sans réponse de l'agresseur présumé, il lance ses missiles et ... c'est l'Apocalypse : Ses propres vaisseaux sont détruits et ses armes sont sans effet, ... Alpha est pratiquement détruite, il survit seul, ainsi qu'Héléna et quelques-uns uns de ses lieutenants. John décide néanmoins de se rendre sur la planète, accompagné d'Héléna, à bord d'un vaisseau non armé. Il y aborde sans obstacle et pénètre dans un environnement étrange, lumineux et coloré, sans manifestation visuelle d'une quelconque présence.

John Koenig (s'adressant aux occupants supposés, muets et invisibles, en ce lieu) : Qu'avons nous fait pour mériter ce châtiment ? Quelle est la raison de votre agression ? Nous n'avions pas choisi de venir jusqu'ici, nous ne pouvions contrôler la trajectoire de la Lune qui nous abrite, tout ce que nous cherchons est une planète qui nous accueille, nous n'utilisons pas la force, tout ce que nous demandons, c'est la paix ... allez vous nous répondre ?.. Vous vous êtes approchés traîtreusement de notre base pour lancer une attaque et vous avez tué la moitié de mon personnel .. détruit ma base et anéanti toutes nos chances de survie ...

Lui (personnage masculin qui apparaît) : Vous ne pouvez rester ici, ... vous n'avez pas votre place dans notre espace, .. c'est tout, vous n'avez aucun avenir, de toutes façons, .. vous avez déjà en vous les gènes qui vous conduiront à la destruction .. vous êtes tous contaminés en tant qu'organismes ... le virus est fatal .. vous êtes une malédiction ... Votre présence sur cette planète ne ferait que détruire une civilisation qui est en place depuis des milliards d'années ...

Héléna Russel : Vous pensez que nous ne sommes rien d'autre qu'une menace ?

John : Dès l'instant où nous avons quitté notre système solaire, nous n'avons cessé de lutter pour survivre, nous avons pu survivre, comment au juste, je n'en sais rien, il n'existe pas d'explication rationnelle, tout ce que je peux vous dire c'est que j'ai acquis une confiance inébranlable dans l'esprit humain .. quelqu'un nous a protégé, Dieu ? ... Une fois de plus nous survivrons !

Lui : La lutte contre la mort chez les espèces inférieures constitue souvent le moment le plus exaltant de leur pauvre existence mais quand la fin s'annonce, il est vain de lutter contre l'inévitable.

John : Je refuse d'admettre que nous n'avons pas d'avenir !

Lui : Votre extinction peut prendre encore quelque temps mais rien ne l'arrêtera !

(John et Héléna observent ce qui les entoure)

John : Cet équipement, j'ai l'impression qu'il dépend de lui, mais il est très fragile.

(John cherche à détruire les objets qui l'environnent ... Héléna tente de l'en dissuader .. )

Héléna : Non, John ! la violence n'est pas une solution.

Lui : Homme de la Terre ! .... (John Koenig est projeté à terre, atrocement brûlé)

(cri de désespoir d'Héléna en voyant ainsi John)

Elle (personnage féminin qui apparaît) : Docteur Russel, vous n'avez rien à redouter !

Héléna : (à l'homme de la planète) allez-vous-en .. (elle frappe avec ses mains sur les parois invisibles qui l'entoure et envisage d'utiliser, elle aussi, son arme laser)

Lui : Vous n'arriverez pas à nous tuer, Dr Russel, la puissance de vos armes se retournera contre vous (nouveau cri de désespoir d'Héléna en regardant John qui gît sans vie)

Elle : Surtout, n'ayez pas peur !

Lui : Dans notre monde sachez que la peur n'existe pas

Héléna (en cri d'imploration) : John !

Elle : Il a été victime de sa propre peur ... mais vous pouvez partager notre pouvoir et faire que votre désir de le voir revivre devienne la réalité.

(Héléna regarde John qui progressivement revient à la vie et ses brûlures se cicatrisent. Il tente de rejoindre Héléna mais en est empêché par des écrans virtuels. Il choisit de repartir et se fait envoyer d'Alpha, dont il demande l'évacuation vers cette nouvelle planète, un vaisseau, le dernier, puissamment armé).

Victor (le commandant en second, exécute les ordres d'évacuation de John Koenig et enregistre un message de départ, qui sera laissé dans la station qui restera vide) : Nous allons quitter Alpha, base que nous avions crée sur la Lune pour comprendre un peu mieux l'espace, mais une erreur des hommes a projeté ce satellite loin de son orbite terrestre c'est ainsi que nous avons dérivé à travers l'univers à la recherche d'un endroit où nous pourrions vivre. A présent, nous ne pouvons plus demeurer ici et nous sommes contraints d'envisager un avenir incertain sur la planète qui nous a presque détruits. Qui que vous soyez, vous qui avez retrouvé ce vaisseau vide qu'est devenu Alpha, ne nous abandonnez pas et partez à notre recherche, si toutefois nous existons encore .. vous nous apprendrez toutes les choses que vous avez découvertes entre temps parce que, voyez-vous, nous pensions en savoir long mais, plus que tout le reste, nous avons réalisé qu'en fait, on ne sait presque rien ... Au revoir Alpha !

(Retour au dialogue sur la planète)

Héléna : Est-ce que vous me gardez prisonnière ?

Lui : Vous êtes libre de vous rendre partout où votre esprit aura le désir de vous emmener ..

Héléna :Ai-je pleine liberté de partir hors de ce laboratoire ?

Elle : Oui, si votre esprit réussit à trouver le chemin !

Lui : John Koenig est allé se réfugier dans votre vaisseau, il a demandé qu'Alpha lui envoie des renforts, il croit toujours qu'il peut vous délivrer et se gagner, par la force, une place sur cette planète.

Héléna : Et, ... est-ce que .. est-ce qu'il va réussir ?

Lui : Il se trouve avoir peur à un tel point qu'on ne veuille pas l'accepter

Héléna : Le chasserez vous ?

Lui : Non

(John Koenig, en chemin vers Alpha, a retrouvé le vaisseau armé que lui apporte son lieutenant, il change d'appareil et se dirige à nouveau vers la planète dont il heurte les défenses, cette fois-ci infranchissables, et son vaisseau se désintègre ... dans son scaphandre de survie, il part en errance, flottant dans l'espace ... )

(Retour sur la planète qu'Héléna découvre, avec crainte mais fascination)

Héléna : Vous parlez d'une existence supérieure à la nôtre mais j'ai toujours conscience de ce monde que je sens, que je touche, que je vois ...

Lui : Cet univers tactile qui vous entoure à présent est un cerveau.

Elle : A la différence des cerveaux humains, celui ci est immortel, il s'est lentement développé à travers les générations, et s'agrandit de chaque existence qui vient s'y fondre.

Héléna : Pourquoi faut il que vous mourriez puisque vous affirmez que votre cerveau est immortel ?

Elle : Nos corps ne le sont pas, nous ne sommes que des habitants du cerveau, nous disparaissons après 10 ou 15 siècles. Tout ce qui existe sur cette planète nourrit le cerveau de sa vie

Héléna : ... et le défend également avec des engins de destruction comme sur notre terre ..

Elle : Nous n'avons pas besoin de machines pour nous défendre, quelle en serait l'utilité .. nous n'avons rien à craindre ...

Héléna : Ce n'est pas vrai, vous vous en êtes servis pour détruire Alpha - Oui ou non ?

Lui : Pauvres entêtés ravagés par la crainte, pourquoi ne pas tenter de renoncer à votre peur et nous rejoindre ?

Héléna : Si vous répondez à ma question !

Lui : A quoi bon ! Notre monde connaît un équilibre parfait les distances ont été annulées, les désirs incessants de chaque individu sont comblés au même titre que les aspirations communes et constituent autant d'impulsions spirituelles qui viennent se fondre dans notre monde, toute peur est annulée

Héléna : C'est magnifique ! (mais pense à nouveau à John) John !

John : (il flotte dans l'espace, tel un pantin désarticulé et dit, comme en songe) : 90 minutes à vivre avant le manque d'oxygène, ensuite les hallucinations et puis cette longue dérive à travers les rêves de l'éternité peut-être est-ce un bien ? ... jugement négatif .. poison, souffrance et davantage de souffrance encore .. jusqu'à l'anéantissement ... le corps trouvera peut être sa place pour un archéologue de l'avenir dans le grand jeu de patience de l'histoire. John Koenig, de la planète terre, 9ème et dernier commandant de la base lunaire alpha

Héléna (sur la planète, mais en pensée avec John) : John ! ... Aidez-moi !

Elle : (voix soudain pleine de joie) : Il a vu sa mort en face il a réussi à conquérir sa peur !

Héléna : Je veux qu'il me revienne sans changement, ... qu'il me revienne comme avant ... j'ai tellement peur de mourir seule ... je ne veux pas de votre monde !

Lui : - Si vous le ramenez maintenant, vous savez que vous le condamnez à subir la longue agonie de sa peur ...

Héléna : Je le veux tel qu'il était avant, avec ses faiblesses et ses craintes

Elle : Il nous détruira tous

Héléna : Nous sommes des humains, et rien d'autre ! (elle hurle) John ! ... John ! ... John !

(John Koenig se retrouve aussitôt sur la planète et, comme il l'avait décidé, entreprend de détruire ce qui l'entoure,... ). Tout s'embrase et s'écroule, il cherche alors Héléna en hurlant)

John : Héléna, ... Héléna, ... Héléna ! (Il retrouve enfin Héléna, qui est écrasée sous les décombres, ils se parlent) : Héléna !

Héléna : John !

(La destruction est quasi totale, mais John et Héléna se retrouvent serrés, l'un contre l'autre ... )

John : Victor, est-ce que vous me recevez .. demi-tout, repartez vers Alpha ... en finir pour en finir, il vaut mieux en finir sur Alpha ....

(à peine a-t'il donné cet ordre que John et Héléna, entourés de leurs compagnons, se retrouvent sur le vaisseau Alpha, comme avant sa destruction ... )

(On revoit sur l'écran de contrôle l'image de l'armada ennemie qui s'approche d'Alpha)

John : (à Alan, le pilote du vaisseau de défense qui doit intercepter l'agresseur) ... Toujours pas de réponse ?

Alan : Non, commandant ! Encore 15 ... 10 secondes ... je suis toujours prêt à faire feu ... 5, 4 3 2 1 ...

John : Ne tirez pas !

Alan : Mais .. Commandant !

John : C'est un ordre ! ....

(Les vaisseaux ennemis disparaissent de l'écran de contrôle, un par un ...

John : Alan, retournez à la base maintenant .. fin de l'alerte rouge .. c'était une fausse alarme .. les consignes sont annulées ..

Victor : John .. je ne suis pas sûr de vous comprendre mais .. cela veut-il dire que nous n'allons plus sur cette planète ?

Lui (voix masculine de la planète) : Non .. nous vous conseillons de vous éloigner au plus vite ... parce que vous êtes si primitifs et si instables .. tellement esclaves d'émotions du genre de la peur .. que vous détruiriez notre monde parfait.

Elle (voix féminine de la planète) : L'impression que votre base était en danger, mise en danger, fut une création de votre propre esprit, née de votre peur .. notre seule défense fut de concrétiser la forme de votre crainte sur le plan du réel.

Lui : Dans un fragment du temps nous vous avons fait voir les possibilités que risquaient d'entrainer votre décision de venir habiter notre univers mental

( ... )

John : Tout devient vague .. je ne me souviens presque plus ..

Héléna : Moi, je n'ai pas oublié .. un monde ignorant la peur .. comme c'est étrange et comme c'est beau ! .. et vous John ? .. vous l'avez perdu ?

*****


010715 MAJ 020320

Textes et illustrations déposés @ SGDL

Reproduction interdite sans accord de l'auteur

Méditations et Poésies

Méditations et Poésies

Adaptation (poésie)

Cosmos 1999

La haine

Sefirot