Au milieu du chemin

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Au milieu du chemin que suivent nos deux vies
Laisse-moi t'arrêter en te prenant la main;
A présent que la côte est à-demi gravie.
Retourne-toi vers hier sans penser à demain.

Contemplons à nous deux le déjà long cortège
Que font, derrière nous, nos souvenirs communs.
Je voudrais un instant, par un beau sortilège,
Leur rendre leurs couleurs, leurs formes, leurs parfums.

Le revois-tu, ce soir d’été troublant et tendre
Où nous avons senti se confondre nos coeurs?
C’était le long des bords paisibles de la Dendre;
Le paysage était puissant dans sa douceur.

Mais n’aimes-tu pas mieux penser au Square Monge
Où Monsieur de Voltaire a l’air si réjoui?…
Et non loin, c’est la Seine amicale, qui longe
Le parvis Notre-Dame et l’Ile Saint-Louis.

Cependant souviens-toi comme l’air danse et vibre
Au-dessus du Forum et du mont Palatin.
Et comme nous aimions, en suivant le vieux Tibre,
A respirer dans l’air des souvenirs latins.

Et puis rappelle-toi l’étang du Rouge-Cloître
Où le ciel se reflète avec des moires d’or
Et les saules pleureurs qui paraissent décroître
En penchant leurs rameaux argentés sur ses bords.

C’est ainsi que partout, au hasard du voyage
Grâce à toi qui savais si bien les découvrir,
Nous avons obtenu de chaque paysage
Des instants de bonheur et de beaux souvenirs.

Au milieu du chemin que suivent nos deux vies
Laisse-moi t’arrêter, toi qui m’as fait heureux
En étant tout pour moi : épouse, amante, amie :
Mon plus cher horizon, ce sont encor tes yeux.

Jean HUBAUX
Poète liégeois, (1890-1959)
Cointe (Liege), février 1927
@ André Pirlet (Bruxelles)/Imprimerie Delacre (Charleroi)

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Méditations et Poésies

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020619