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Foi, religion, histoire et imposture :

Quelle était la foi de Mawlânâ Rûmi, poète du "Dieu Amour" et de la Perse ?

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Foi, religion, histoire et imposture (version pdf)

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Dans "Imposture", j'ai écrit (extrait) le 8 avril2007 :

Mawlânâ Rûmi n'écrivait que pour dire que son Dieu, le Dieu des persans, était le "Dieu-Amour". Son Dieu est le nôtre, le seul, l'universel, celui pour lequel Hallaj, son aîné, avait été crucifié car il le disait aux envahisseurs qui venaient lui imposer une religion qui parlait d'un autre Dieu que le Dieu-Amour !

Non ! Mawlânâ Rûmi n'était pas plus musulman que d'une quelconque religion dont on voit l'absence d'Amour, pas plus qu'il ne pourra jamais être récupéré par une quelconque religion !

Père du Soufisme, lui a-t'on décerné, Foi qui s'exprimait en Perse bien avant que l'Islam ne l'annexe, Mawlânâ Rûmi est le témoin de la résistance de la "Pensée" la plus élevée à l'invasion des entreprises de pouvoir qu'ont été et que sont bien trop souvent les religions, hélas aussi celles qui se réfèrent aux Ecritures : musulmanes, chrétiennes ou juives ! …


Buis de Jacques Sarano

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Le 27 juin 2008, Cédric L. m'a écrit (extrait):

Tout d' abord, je tiens à préciser que je ne suis pas musulman…. Mevlana était musulman, il n'était certes pas un dévot, au contraire, mais il a vécu et il est mort en musulman. Son dieu n'est pas celui des persans, mais le dieu universel, le dieu unique, le dieu des livres (zoroastriens, juifs, chrétiens, musulmans), le dieu de l'unicité, de la non-dualité.

Ce n'est pas uniquement le "Dieu-Amour", il est multiple, il peut étre colérique, dévastateur, compatissant, miséricordieux... C' est sa proximité avec ce dieu (aprés sa rencontre avec Shams Tabrizi) qui fait qu' il a pu développer la pensée qui est la sienne, la poésie qui est la sienne, qui ont ce caractère universel, mais ce sont une pensée et une poésie qui sont irriguées par l' islam, ou les références à celui-ci sont quasi permanentes, ainsi qu' aux archétypes de la poésie persane. Ainsi que pour Mansour Hallaj…

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Cher intervenant qui me faites l'honneur de lire mes textes : vous ne devriez pas confondre la foi d'un croyant avec son statut juridique et religieux lorsque ce croyant n'a pas eu le choix de son statut ! Mawlana Rumi, comme tous les perses qui venaient de subir de pein fouet l'invasion arabe n'était pas musulman par choix ! On peut, à proprement parler, évoquer le "génocide culturel" de la pensée perse à cette époque.

Mawlana était l'héritier d'une pensée pluri-millénaire qu'un envahisseur brutal et dominateur tentait de lui arracher. Mawlana disait sa foi en sachant qu'il risquait ainsi d'être crucifié pour cela comme son aîné Hallaj qui avait osé dire que Dieu était "amour" !.

Par son génie poétique ("Mon Bien-Aimé est si proche de moi…" - pour ne pas, bien sûr, dire "Dieu", ce qui l'aurait expédié "ad patres".. illico !) il exprimait la foi profonde des prophètes de la Perse tels Zoroastre dès le 7ème siècle avant JC.

Vous me dites que vous n'êtes pas musulman : c'est dommage ! Pour moi la foi originelle de l'Islam fondée sur le Coran, est l'une des plus belles révélations que l'humanité ait vu jaillir sur terre ! Hélas, comme tant d'autres révélations, elle fut portée par des hommes qui la souillèrent aussitôt par leur volonté de pouvoir.

Non, je ne crois pas que le Prophète aurait approuvé ce que les envahisseurs arabes ont fait subir à Hallaj et la brutalité de leur tentative de destruction de la culture Perse.

Si cela peut vous rassurer sur mon objectivité, je ne crois pas non plus que Jésus de Nazareth aurait toléré les horreurs commises par les chrétiens en son nom (croisades et inquisition, entre autres) et nous pourrions hélas ainsi prolonger longtemps cette sinistre liste avec ce que les religions humaines ont fait des révélations divines qui leurs étaient confiées !

C'est pourquoi je vous dit (à titre d'illustration) : Non, Mavlana n'était pas plus musulman que mes ancêtres huguenots n'étaient catholiques romains quand ils ramaient sur les galères, leur femmes séquestrées et leurs enfants enlevés et baptisés de force ! Non, Mawlana n'était pas plus musulman que les indiens d'amérique du Sud, convertis de force et massacrés s'ils le refusaient, n'étaient chrétiens ! Non, Mawlana n'était pas plus musulman que tous ceux dont on interdit encore aujourd'hui la pratique de leurs cultes dans les pays qui se réclament pourtant de la tolérance du Prophète !

Désolé cher intervenant, la foi des hommes ne s'écrit pas comme l'histoire des religions par les invasions, les conquêtes, les massacres et les dominations politiques : leur foi s'y inscrit, ce qui est bien différent !

Que vous ne voyiez dans l'Histoire que ses attendus juridiques et institutionnels, c'est votre droit ! Mais laissez aux croyants le privilège de dire ce qu'est leur foi et celle de ceux qu'ils ont comme modèles. Demandez vous pourquoi, depuis plus d'un an, les moteurs de recherche me portent (pour ma plus grande confusion, je vous l'assure !) en tête des références Internet (pour l'essentiel ce sont des sites soufis) sur le nom de celui qu'ils appellent leur "père fondateur" : Mawlana Rumi. Curieux, tout de même qu'aucun d'eux (musulman donc) n'ait encore protesté ni m'ait lancé de Fatwa !

Si vous leur demandez, il vous diront que le soufisme est né de la pensée perse, bien avant son annexion sous ce nom par l'Islam. Certes, c'est l'honneur de l'Islam de l'avoir finalement accueilli, comme ailleurs d'avoir nourri les grands penseurs tels Averoes et Avicène et cela bien que les uns comme les autres aient porté une pensée fort différente de celle qui fait connaître l'Islam par son fanatisme et son intolérence, toujours de mise actuellement dans tant de pays sous sa domination juridique, il faut tout de même le dire !

Ce qui n'était pas admissible dans l'émission que j'ai incriminée est d'avoir passé sous silence que Mawlana Rumi comme Hallaj disaient leur foi par la symbolique de la poésie en raison de la contrainte de mort qui pesait sur eux et pour survivre à un envahisseur qui ne confessait pas vraiment, c'est le moins qu'on puisse dire, que "Dieu est Amour" !

De là à dire que Mawlana Rumi était juridiquement musulman, je l'accorde à l'historien que vous semblez être, mais les théologiens et admirateurs de la pensée perse en frémissent !

Que le conseil du culte musulman veuille restaurer dans les médias une image apaisée d'une religion si tragiquement discréditée par nombre des pays les plus religieusement intolérants de la planète, c'est louable ! Annexer doucereusement la poésie des hommes dont ce fut l'expression même de leur survie contre elle : Oui, c'est de l'imposture !

L'histoire se construit dans les invasions, les massacres, le fanatisme et l'intolérance, c'est un fait, mais la Foi et la civilisation se construisent, elles, dans le coeur des hommes !

Encore une fois merci, cher intervenant, de m'avoir dit votre façon de voir : controverser avec ceux dont la vision diffère de la siene est toujours un bien.


Le sacrifice d'Abraham (Michel Ange)

La Barbeyère, Crest, Drôme, 2 juillet 2008

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Maj. 08-07-06