Souvenir de Jean Vinard

Cérémonie du 11 novembre 2014 au monument aux morts de Crest (Drôme)

Jean Vinard, sous-lieutenant au 156ème d'infanterie, décoré de la Croix de guerre, cité à l'ordre du jour du régiment le 9 mai 1915, cité à l'ordre de l'armée le 26 septembre 1915 est mort pour sa patrie le 29 septembre 1915.

Le 25 septembre, Jean Vinard est enseveli par un éclatement d'obus. Ayant reçu une forte commotion il est porté à l'ambulance. A peine revenu à lui, il refuse d'être évacué et repart au combat à la tête de ses hommes qu'il ne pouvait pas laisser …

Le 28, le colonel lui remet le commandement de sa compagnie.

Le 29, il est mortellement blessé par un éclat d'obus.

… Voici ce qu'il écrivait à sa mère quelques jours avant sa mort :

"Ma chère maman, dans la lutte suprême qui commence toutes mes pensée vont vers vous, comme je sais que vous êtes avec moi. Priez pour moi… je vous aime infiniment et j'ai toujours confiance. Vive la France… il vous faudra du courage… Pour moi, je suis calme et je veux le rester."

"De toutes mes forces, de toute mon âme je pense à vous tous et à René (lieutenant du Génie, mon père, qui combattait à proximité au moment de sa mort) et je sens que les liens qui nous attachent les uns les autres ne peuvent se briser… "

"Oui, en dehors du corps, il y a l'âme et nos âmes sont chacune une parcelle de l'Esprit universel. Au dessus de nous, il y a cet Idéal vers lequel nous tendons parfois et vers lequel nous voulons tendre, et qui est le même pour nous tous. Le but de la vie c'est de tâcher de réaliser cet Idéal avant le terme qui nous est assigné."

"Si à un moment quelconque nous arrivions à nous élever au dessus de nous-mêmes et à réaliser cet idéal : Alors nous aurions vécu !"

"Pour nous, soldats, l'Idéal est là sans tache devant nos yeux, "d'une manière absolue et désintéressée : donner joyeusement sa vie pour les autres." De quel plus bel Idéal peut-on rêver !"

"Si donc nous mourrons la joie dans les yeux, c'est que nous aurons vécu. Qu'importe l'âge; le temps n'est rien dans l'Eternité !"

"Ma chère maman, ce que tu as toujours voulu, c'est que nous soyons heureux ; eh bien, si jamais la mort vient pour moi, sache qu'à mon dernier moment, je serai divinement heureux, parce que j'aurai foi en l'Idéal !"

Cette lettre, je l'ai retrouvée avec des centaines d'autres (Jean, sa mère et mon père s'écrivaient souvent plusieurs fois par semaine en cette terrible année 1915) dans le grenier de ma maison à Crest où ma grand-mère avait séjourné après la mort de son fils et de mon grand-père, le pasteur Jules Vinard, qui avait passé son enfance à Crest avant d'être appelé plus tard au Temple protestant de l'Etoile à Paris.

Une dernière chose : A aucun moment, dans toutes ces lettres, je n'ai trouvé la moindre trace de haine ou de mépris pour ces soldats allemands, ces adversaires qu'il combattait … C'était cela son Idéal .. "Nous sommes tous des "parcelles" de ce qui au dessus de nous, qui nous dépasse et qui nous unit !" écrivait-il !

Daniel Vinard (neveu de Jean Vinard).

PJ :Lettres - 23 septembre 1915 de Jean Vinard à sa mère – 25 octobre 1915 de René Vinard à sa mère – journal du 2 décembre 1915 – Photo de sa mère devant sa tombe.

*****

Textes et illustrations déposés @ SGDL

Reproduction interdite sans accord de l'auteur

Méditations et poésies

Site

Dernière lettre de Jean Vinard à sa mère le 23 septembre 1915

Tombe de Jean Vinard en Champagne

Manuscrit dernière lettre de Lucie Vinard à son fils Jean Vinard le 28 août 1915

Parcelle d'un esprit universel